histoire de solesme

Publié le par ariane

Histoire de Solesmes
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Solesmes est une commune du département du Nord dont l'histoire remonte au VIe siècle après J.C.

Sommaire

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Etymologie [modifier]

Solesmes porta différents noms au cours des siècles: Fanum Solis - Solemium (705) - Solemia (1174) - Solemio - Solemmes - Solesmnes - Solesmes (1292)[réf. nécessaire].

Sans donner une foi aveugle aux chroniques de Jacques de Guyse, cordelier à Valenciennes qui au XIVe siècle parla de Solesmes dans ses chroniques et qui affirmait l'existence à Solesmes d'une idole célèbre du dieu Soleil, en or massif, enterrée selon la tradition au Mourmont, l'étymologie courante faisait dériver Solesmes de sol : le Soleil.

Pour d'autres[réf. nécessaire] Solesmes tire son nom de deux mots celtes  : Hem (château, forteresse) et s'Hol (fond creux).

Préhistoire [modifier]

Des traces d'occupation humaine antérieures à la conquête romaine ont été trouvées à Solesmes ou dans les environs:

  • Dolmen du Gros Caillou, au grès Montfort à Vendegies-sur-Écaillon, appuyé sur trois piliers en blocage de grès sous lequel on a trouvé d'ailleurs une petite hache en silex taillé.
  • Nombreux silex taillés retrouvés sur la colline du Mourmont à la sablonnière au lieu-dit « Terres de la République », conservés et exposés à l’Hôtel de Ville, andouillers et ossements de rennes, magnifique défense de mammouth, objets conservés en partie au Musée de Bavay.
  • D'autres constructions de la même époque ont été découvertes en 1850 à la Sucrerie. Ils nous ont laissés aussi comme témoin de leur passage de nombreux objets (monnaie, médailles, tuiles, carreaux) découverts lors de l'installation du marché aux bestiaux à Viesly, Bermerain, Briastre, Saulzoir, Haspres et les ruines d'une immense tour découverte à Haussy en 1829.[réf. nécessaire]

Période gallo-romaine [modifier]

Sous l'occupation romaine Solesmes était une villa gallo-romaine[réf. nécessaire] au confluent de la Selle (Sabis) et du Béart. Une des principales raisons qui fait placer le Solesmes gallo-romain à cet emplacement c'est que c'est là seulement que l'on a trouvé un monument romain d'une certaine importance.

V.Ruffin affirme que lors des fouilles occasionnées par l'établissement de la fabrique de sucre on a découvert maints objets appartenant à la période gallo-romaine : monnaies, médailles, et surtout une quantité de tuiles, carreaux etc.[1]

Lorsque plus tard on installa le marché aux bestiaux sur la place du Béart, on aurait découvert plusieurs objets gallo-romains. Il est un fait qui a permis de fixer l'emplacement du Solesmes primitif, c'est l'existence de la tour romaine qui se trouvait au confluent. Ruffin nous parle des ruines de cette tour tout en grès, percée de meurtrières et qui furent découvertes dit-il en 1829 dans le bas de la ville actuelle sur la rive droite de la Selle, derrière une petite chapelle. C'est là que se trouve actuellement l'établissement des bains-douches. On a retrouvé également de très nombreux objets gallo-romains à Viesly, Bermerain et Briastre.

Le docteur Bombart[réf. nécessaire] a pu lui-même enrichir les collections (?) avec le produit des fouilles qu'il fit effectuer à Montay, Haussy, Saulzoir, Haspres, Vendegies-sur-Écaillon, Sommaing et Saint-Martin-sur-Écaillon.

Maxellende [modifier]

En l'an 670, la fille du Seigneur de Caudry, appelée Maxellende, avait refusé d'épouser le fils du Seigneur de Solesmes, Harduin d'Amerval. Elle voulait se consacrer entièrement à Dieu. Le 13 novembre 670, Harduin vint retrouver la jeune fille en l'absence de ses parents et lui renouvela sa demande en mariage. Comme Maxellende refusait toujours, Harduin la tua d'un coup de couteau. Au même instant, il devint aveugle. Trois ans plus tard, le corps de la jeune fille qu'on avait d'abord enterré à Saint-Souplet fut rapporté à Caudry. Harduin, toujours aveugle mais rempli de remords, se fit conduire devant le cortège en suppliant Dieu de lui pardonner. Il retrouva miraculeusement la vue. Beaucoup d'historiens[réf. nécessaire] pensent que c'est peu de temps avant sa mort qu'Harduin proposa au roi Childebert IV « que toutes ses possessions soient données » à l'Abbaye de Saint-Denis.

Propriété des bénédictins de Saint-Denis de 705 à 1605 [modifier]

Dès le début du VIIIe siècle, en raison de la donation faite aux bénédictins de l'Abbaye de Saint-Denis en France par Childebert IV en 705, Solesmes se détacha complètement du Pays de Hainaut où elle était située. La charte fut confirmée le 7 août 749 par Pépin le Bref.

La charte (aux archives du nord à Lille) désigne non seulement la ville mais aussi son marché et son château ainsi que tous ses biens adjacents : terres, maisons, édifices, habitants, vignes, bois, prés, marais, eaux, cours d'eau et troupeaux. Ce domaine était exempt de tous impôts et franchises, ce que les Solesmois surent maintenir et faire respecter en partie du moins, jusqu'à la Révolution française.

Cet abandon en faveur de Saint-Denis ne fut pas sans soulever de véhémentes protestations, tant de la part du Comté de Famars (dont dépendait Solesmes) que de la puissante Abbaye de Maroilles, laquelle à la faveur des guerres continuelles qui désolaient le pays s'était attribuée une partie du domaine. Ces impuissantes protestations continuèrent jusqu'au temps de Charlemagne, lequel comme empereur assura l'Abbaye de Saint-Denis dans la pleine et entière possession de la Seigneurie de Solesmes.

Ce n'est donc qu'à partir de cette époque que les Bénédictins purent commencer sérieusement leurs travaux de défrichement et de fertilisation du sol dans leurs domaines de Solesmes. Elles consistaient en marais, friches et principalement en terrains boisés. Le domaine concédé était immense. Il s'étendait à l'est jusqu'à Croix-Caluyau, au sud jusqu'à Montay et à la Selle; à l'ouest il englobait une partie de Neuvilly, Briastre, Viesly, Quiévy, et Saint-Vaast; au nord enfin il parvenait par Haussy jusqu'à la Chaussée Brunehaut aux environs de Vendegies-sur-Écaillon, limitrophe du prieuré d'Haspres fondé par l'Abbaye de Jumièges en Normandie.

Le prieuré de Solesmes, régi et administré par 12 religieux sous l'autorité de leur supérieur, le prévôt, s'était développé avec une incroyable rapidité. De telles richesses en ces temps de féodalité excitaient les convoitises des seigneurs voisins. Ainsi Solesmes devait être en butte aux déprédations des barons voisins, et dès le Xe siècle le prieuré devait présenter l'aspect d'une forteresse défendue par des fossés creusés dans le lieudit « Les Prés ». Ceux-ci devaient assurer une sécurité relative aux religieux.

Ces conflits donnèrent lieu à l'institution d'avoués, puissants seigneurs qui avaient la charge de protéger les propriétés de l'Abbaye. Ce fut la vieille maison de Bousies qui fournit les premiers avoués de Solesmes. Mais déjà en 1153, plusieurs de ces seigneurs de Bousies s'étaient fait excommunier à raison des violences exercées contre les religieux du prieuré et des rapines commises contre les propriétés confiées à leurs soins. Indépendamment de l'avoué, il y avait un autre seigneur, le Chevalier de Solesmes, qui représentait l'autorité épiscopale de Cambrai. Il remplissait auprès des bénédictins le rôle de contrôleur des revenus prélevés sur le culte au nom de l'évêque. Sa demeure était le « Donjon ».

La seigneurie de Solesmes [modifier]

Solesmes a donné son nom à une famille qui fournit des baillis du Cambrésis, des prévôts de Cambrai, de Valenciennes et un grand nombre de chevaliers et d'écuyers qui firent alliance avec les principales familles du pays.

D'après le Dr Henry Bombart[2], la famille de Solesmes portait le blason « de sable à 3 croissants d'or ». Les armes de la ville (« de sable à 3 croissants d'argent ») furent sans doute empruntées à celles des seigneurs de Solesmes. Le 13 décembre 1823, Louis XVIII, par une ordonnance royale, confirma les armoiries « de sable à trois croissants d'argent, posés deux et un ».

Wilfrand de Solesmes, le plus ancien membre connu de la famille seigneuriale, est nommé dans une charte de l'Abbaye de Saint Aubert datée de 1087. Puis Hugues de Solesmes apparaît en 1096 parmi les chevaliers du Cambrésis au tournoi d'Anchin. Une fratrie, Vincent, Thomas et Godefroy de Solesmes sont échevins en 1160. En 1161, ils sont tous trois prévôts de Valenciennes. Quelque temps après, Martin de Solesmes signe en qualité d'échevin une donation faite à l'église Saint-Nicolas par les enfants de Gautier Mustel, prévôt de Valenciennes. C'est Pinabel de Solesmes qui en 1202 signe comme témoin la loi de Salesches. Puis Bertrand de Solesmes qui, au mois d'août 1233, signe une convention passée entre l'Abbaye de Saint-Denis et Gauthier de Bousies.

La famille d'Esclaibes a tenu une place importante puisque, parmi tant de titres, elle portait ceux du doyen héréditaire seigneur d'Amerval et d'Elgis. Elle acquit de nombreux biens à Solesmes et à Saint-Python. Son fief principal était situé non loin de la rivière Selle, avec château-fort entouré de grands fossés d'eau, avec un « jardin de plaisir » (actuellement la ferme Richez).

Aux archives départementales est conservé le livre de la maison de Saint-Denis à Solesmes. De ce document on a pu tirer la liste des principaux habitants de la seigneurie de Solesmes en 1335 ; ils sont désignés pour le plus grand nombre par le nom de leur profession, par exemple : Raoult Cuvelier, Bailleguins Le Clerc, Jacmart Potier, Colart Le Boulanger.

En 1570, de nouvelles sources écrites donnent des détails très complets sur Solesmes, ses rues et ses habitants. On apprend ainsi qu'une tour était située sur la place du Marché (actuellement Grand-place ou place Jean-Jaurès).

Voici maintenant quelques-uns uns des principaux évènements de la Seigneurie de Solesmes:

Le 29 juin 822 l'empereur Louis[réf. nécessaire] donne entre autres biens à l'abbaye de Saint-Amand, le village d'Haussy.

Les Normands envahirent le Hainaut et le Cambrésis et détruisirent le prieuré de Salesches qui dépendait de l'abbaye de Maroilles.

En 1046-1048 l'Empereur Henri III confirme à l'abbaye de Saint-André du Cateau la possession des biens de l'évêque Gérard. Parmi ceux-ci: Vendelgyes (Ancien nom du Cateau-Cambrésis), Fontaine (il s'agit ici comme dans la charte de 1057 de Fontaine-Mourmont, c’est-à-dire du Mourmont actuel. Il y avait évidemment sur la colline du Mourmont un village avec une église ayant son importance puisqu'on le trouve signalé pendant les XI et XII siècles dans plusieurs chartes différentes. Il n'en reste plus que Fontaine-au-Tertre.

En 1057 Liebert évêque de Cambrai et d'Arras concède à l'Abbaye de Cambrai[réf. nécessaire] plusieurs autels parmi lesquels ceux de Carnières, Neuville et du Mourmont. De même, il accorde aux Chanoines de Saint-Aubert l'autel d'Ovillers.

En 1074 il donne également à l'abbaye de Saint-André au Cateau l'autel de Briastre à perpétuité, l'autel de Saint Python et l'alleu de Vertain. Il relate qu'il a rendu Romeries à l'abbaye de Maroilles.

En 1169, l'abbé Yves de Saint-Denis règle les droits des maires de la Versine, de Rouvroy, de Solesmes et de Thoury.

En 1180, Isabelle de Hainaut, fille de Baudouin V de Hainaut et de Marguerite d'Alsace, comtesse de Flandre avait épousé Philippe II Auguste, roi de France. A cette occasion, Baudouin demande à Guillaume, abbé de Saint-Denis, une partie des bois qui relevaient du prieuré de Solesmes pour bâtir le village de Forest. L'abbé s'empressa d'acquiescer à cette requête tant pour être agréable au beau-père du roi que pour se faire un allié redoutable, car Baudouin était le seigneur et maître de tous ces barons dont le voisinage devenait inquiétant. L'un d'eux surtout, le chevalier Gérard de Maufilastre, s'élançait continuellement de son château de Saint-Aubert à la tête de ses hommes d'armes et portait la dévastation dans les pays environnants.

Au cours d'une de ces sorties, il pilla et brûla le château d'Esclaibes dans le bois de Clermont entre Viesly et Béthencourt. Vers cette même époque, le hameau de « Verd-Tillœul » (Vertigneul) fut fondé sur d'autres terrains boisés concédés aux religieux, prés de la petite rivière l'Herpies (Les Harpies). Pour éviter les pertes de temps occasionnées par les allées et venues avec le prieuré de Solesmes, les moines y construisirent sur place une « manse », comprenant une certaine étendue de terre avec habitation et constructions nécessaires à l'exploitation agricole. Cette manse était régie par un seul religieux détaché de Solesmes auquel était adjoint un frère profès. Les Bénédictins pratiquaient la même organisation dans leurs domaines plus au moins lointains, là où ils ne pouvaient exercer une surveillance directe.

Dans ces manses, la règle de Saint Benoît était très sévère et très rigoureusement observée. Dans ces fermes, on ne pouvait se livrer qu'à l'amélioration de la culture, des arbres à fruits et des bestiaux. De là sont sortis les fruits les plus savoureux parmi lesquels la fameuse poire du « Dyenne » qui a gardé dans son nom la trace de son origine.

En 1186, à la suite de démêlés survenus entre Baudouin V de Hainaut et son beau-frère Philippe d'Alsace, une guerre formidable ravagea tout le pays. Le comte de Flandre, aidé de Jacques d'Avesnes, s'empara successivement en Cambrésis de Viesly, Solesmes, Saint-Python et Haussy dont ils avaient renversé les murailles et les fortifications. À Solesmes, le château fut détruit. Ce château était situé à l'endroit qu'occupe actuellement la propriété Ménard Réal (Donjon). Il était muni de tourelles entouré de fossés profonds qui allaient jusqu'au ruisseau des Becqueriaux. Le Château d'Haussy brûlé en même temps fut aussitôt réparé.

En 1202, Solesmes était à peine remise des troubles qui viennent d'être évoqués que Gauthier de Bousies, avoué de l'abbaye, pénétra dans le prieuré pour s'y livrer à des violences envers les moines. Les mêmes scènes s'étant renouvelées en 1233, un accommodement fut passé au mois d'août de la même année entre les parties pour prévenir à tout jamais de semblables contestations.

En 1292, la prospérité du prieuré de Solesmes fut menacée : la possession de Solesmes ayant été revendiquée par l'empereur germanique Rodolphe de Habsbourg, le roi de France Philippe IV le Bel fit retirer les troupes qu'il avait précédemment amenées dans la ville (lors de ses propres démêlés avec l'Angleterre, pour combattre Gui de Dampierre, comte de Flandre, allié d'Edouard Ier d'Angleterre). Mais l'abbé de Saint-Denis ayant fait observer à Philippe IV que Solesmes, bien qu'enclavé en Hainaut, avait toujours appartenu à la France et lui avait plusieurs fois été restituée dans des circonstances analogues, notamment sous Saint Louis, Philippe le Bel donna l'ordre au gouverneur du Vermandois de reprendre possession de la ville et de la protéger contre les ennemis de la France.

En 1302, Cambrai s'était révolté et le peuple ayant chassé les chanoines, ceux-ci trouvèrent refuge et hospitalité au prieuré de Solesmes en attendant que les portes de leur métropole leur soit rouvertes. À la faveur de ces troubles, les tentatives d'exactions sur les territoires de Solesmes recommencèrent bientôt avec intensité.

En 1306, l'avoué-chevalier Gauthier de Bousies (cette lignée se transmettait de père en fils le goût du brigandage) pilla et saccagea le prieuré, y enlevant notamment les troupeaux. Bien que frappé d'excommunication, ce qui était la punition morale la plus grave à cette époque, Gauthier continua pendant plusieurs années à porter la désolation et la ruine dans cette terre qu'il était censé protéger. Las de cet état critique qui durait depuis trop longtemps, l'abbé de Saint-Denis, Gilles de Pontoise s'en plaignit au roi de France Philippe V le Long. Celui-ci se décida en septembre 1317 à donner l'ordre au bailli du Vermandois de faire respecter par tous les moyens les religieux et leurs vassaux, d'arrêter Gauthier de Bousies et, si ce dernier ne s'amendait pas de lui infliger la peine du bannissement et la confiscation de ses biens. Gauthier dut payer aux bénédictins d'importantes indemnités et au roi 100 livres d'amende. La maison de Bousies quite alors la scène de l'histoire de Solesmes.

L'avouerie, d'abord rachetée par les bénédictins, échut à la maison comtale de Hainaut en 1324. De là, elle passa entre les mains de Louis III, empereur d'Allemagne par son mariage avec Marguerite de Hainaut en 1355, puis à leur premier fils Guillaume l'Insensé, Comte de Hainaut et de Hollande puis enfin à sa fille Jacqueline dont l'étrange conduite alluma la guerre dans toute cette province. En effet, après s'être séparée de son mari, Jean Brabant, elle épousa le duc de Gloucester. Mais Philippe le Bon, duc de Boulogne, la fit prisonnière et la força à le faire son héritier en 1428.

En 1339 Philippe de Navarre vint assaillir le château de Solesmes mais les défenseurs résistèrent si vaillamment à l'assaut qu'il dut faire sonner la retraite.

Également en 1339, Edouard III d'Angleterre mit le siège devant Cambrai. Il ne put s'en emparer et, furieux de son échec, il ravagea le Cambrésis, détruisant les moissons. Il se dirigea sur Haspres et en détruisit les habitations. D'après Vinchant également en 1435 les Français de la frontière firent une course dans le Hainaut et s'arrêtèrent à Solesmes qui n'avait pas encore été touché pour être de l'abbaye de Saint-Denis, pillèrent la ville et brûlèrent l'église.

En 1437 Les pillards ou écorcheurs, troupes mercenaires débauchées, ravagent les villages de Saint-Python et Haussy, campent à Solesmes et y font beaucoup de mal.

En 1515 la peste sévit dans tout le Cambrésis presque d'année en année jusqu'en 1521 et fut alors suivie par la famine. Aux horreurs de la famine s'ajoute bientôt celles de la guerre, c'était la lutte de François Ier contre Charles Quint. Les troupes des deux rivaux pillèrent à tour de rôle le Cambrésis. Puis vinrent les Anglais et les Espagnols non moins pillards et tous commirent tant de ravages que le prix de toute chose en fut quadruplé.

DeE 1528 à 1538, il régna un dérèglement des saisons tel, dit Carpentier, que n'eut été la durée inégale des jours on n'eut pas su reconnaître dans quelle partie de l'année on vivait; l'été semblait avoir pris la place des autres saisons pour régner perpétuellement et dessécher la terre. Aussi les récoltes mûrissaient avant d'avoir produit leurs graines et une multitude d'insectes et de vers leur faisait une guerre continuelle de sorte qu'il en résultat une effroyable famine qui ne cessa qu'après cinq années. La peste ne pouvait manquer de suivre une telle famine. Elle fit bientôt, en effet, des progrès épouvantables. Ceux qui en étaient atteint mouraient en peu d'heures d'où le nom de « trousse galant ». Ceux qui approchaient d'un malade ne tardaient pas à être eux-mêmes atteints. Il devint très difficile de donner la sépulture aux morts.

En 1580 un aventurier, Balagny, était nommé gouverneur de Cambrai. Il prit possession de son poste le 30 novembre et dès lors traita la ville et la contrée voisine avec beaucoup de cruauté.

Le 28 décembre 1585 une trêve ayant été conclue, les cultivateurs se remirent au travail mais les brigands de Palace profitèrent de cette situation pour se rendre encore dans chaque village où ils haranguaient les habitants, les menaçaient et leur faisaient payer de fortes sommes. Un écrit du 23 novembre 1598 signé d'Ambroise Meuran, Jehan Lefévre et Adrien Bailleceque dit que « les gens de Solesmes durent également avancer la somme de 2000 florins pour le rétablissement du moulin banal qui avait été brûlé par les gens de guerre de Balagny »[réf. nécessaire]. Ils avaient également brûlé l'église. Cette somme énorme ne fut pas la seule que durent payer les habitants de Solesmes. Balagny venait de les ruiner, ils durent penser à se procurer un moyen de pouvoir se défendre et se protéger.

Vers 1580, 1600 florins furent empruntés à intérêt par les gens de loi et la communauté de Solesmes pour faire bâtir le fort. On appelait ainsi une forte muraille qui servait de clôture au cimetière de l'église. À chaque angle se trouvait une tour sauf pour l'angle de gauche de la façade qui contenait la chambre de ville qui était renfermée dans le fort comme l'église et le cimetière. Lorsque l'ennemi approchait, ce qui arrivait souvent à cette époque, la population se retirait dans le fort avec ce quelle avait de plus précieux pour échapper au pillage.

Le fort de Solesmes ressemblait dans sa partie fortifiée au cimetière de Bermerain. Le fort de Bermerain dit « Delcroix » se composait de cinq tours dont quatre se voient encore. Ces tours et les murs qui les relient sont garnis de meurtrières au pourtour des murs de 2,50m. Au-dessus du sol intérieur existent des corbeaux en grés brut qui servaient à supporter la terrasse où les assiégés se défendaient en lançant des traits par les meurtrières supérieures, quant à celles qui sont au-dessous et qu'on a eu le soin de faire plus grandes et plus évasées l'accès en était fort facile dans l'intérieur de l'enceinte. On les a percées dans différents sens afin qu'on pût sur tous les points atteindre les assiégeants. La terrasse se composait de madriers. On y arrivait par un escalier de chêne. Au-dessus du porche donnant accès au cimetière existait une petite pièce voûtée contenant une cheminée propre à cuire le pain[réf. nécessaire]. À Saulzoir on voyait encore prés de l'église en 1841 une tourelle qui semblait indiquer le même système de défense qu'à Solesmes et Bermerain.


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